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Travailleurs sous-payés : 15 % des salariés allemands pris au piège du Niedriglohn

Travailleurs sous-payés : 15 % des salariés allemands pris au piège du Niedriglohn

L'année dernière, près de 15,3 % des salariés en Allemagne, soit environ 3,36 millions de travailleurs, étaient classés comme Niedriglohnempfänger, c'est-à-dire des employés à bas salaire. Malgré une légère amélioration par rapport aux années précédentes, le secteur des bas salaires reste une réalité préoccupante, particulièrement dans les régions de l'Est, où plus de 22 % des employés gagnent moins que le seuil défini pour le Niedriglohn. Ce chiffre est nettement supérieur à celui des Länder de l'Ouest, révélant des disparités régionales toujours marquantes.

Les experts de l'équipe du cabinet de recrutement franco-allemand Eurojob Consulting explorent ici les raisons de cette persistance des bas salaires, en analysant l'impact de ces disparités géographiques, mais aussi des inégalités de genre. Ils se penchent également sur l’évolution des politiques salariales, notamment le rôle du salaire minimum.



Le secteur des bas salaires en Allemagne

1. Le secteur des bas salaires en Allemagne

En 2023, environ 15,3 % des travailleurs en Allemagne étaient classés comme Niedriglohnempfänger, c'est-à-dire des employés à bas salaire. Ce chiffre correspond à plus de 3,36 millions de salariés à temps plein soumis à des cotisations sociales. Cette statistique met en lumière un phénomène persistant, malgré une baisse des pourcentages au fil des années. En effet, en 2019, près de 19 % des employés faisaient partie de cette catégorie, selon les données fournies par le gouvernement allemand.

Les travailleurs classés dans ce secteur perçoivent un salaire inférieur à deux tiers du salaire médian de tous les employés. Selon le Statistisches Bundesamt, le seuil de bas salaire en avril 2023 était fixé à 13,04 euros brut par heure, soit légèrement au-dessus du salaire minimum national de 12,41 euros. Ce seuil est donc un indicateur clé pour évaluer les inégalités salariales dans le pays. Malgré cette situation, l'Allemagne a montré une certaine résilience dans son marché du travail, mais ces chiffres soulignent que des millions de personnes continuent de travailler dans des conditions précaires, particulièrement dans certains secteurs économiques.



 Les disparités régionales : Est vs Ouest

2. Les disparités régionales : Est vs Ouest

Les disparités régionales entre les anciens Länder de l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest restent frappantes en matière de bas salaires. En 2023, environ 22,2 % des employés de l'Est percevaient un salaire qualifié de faible, contre 13,8 % en Allemagne de l'Ouest. Ces chiffres montrent une réduction par rapport à 2019, où 30,4 % des travailleurs de l'Est et 16,3 % de ceux de l'Ouest étaient concernés, mais les écarts restent importants.

L'ancienne division de l'Allemagne se reflète toujours dans les conditions économiques et salariales. Les raisons de cette différence incluent une structure industrielle historiquement différente, des investissements plus faibles dans les infrastructures économiques de l'Est, et un marché de l'emploi marqué par un taux d'emploi partiel plus élevé. Les régions de l'Est, moins développées économiquement, continuent de souffrir de salaires plus bas, en particulier dans les secteurs de l'agriculture, de l'hôtellerie et du tourisme.

Bien que les efforts pour réduire ces disparités aient été nombreux, les données montrent que le chemin est encore long pour parvenir à une égalité salariale entre l'Est et l'Ouest de l'Allemagne.



 L’impact des bas salaires selon le genre

3. L’impact des bas salaires selon le genre

Les femmes sont particulièrement touchées par le phénomène des bas salaires en Allemagne. En 2023, 19 % des femmes occupaient un emploi à bas salaire, contre 13 % pour les hommes. Ces chiffres mettent en évidence une inégalité de genre persistante dans le monde du travail allemand. Une des principales raisons de cette différence est la surreprésentation des femmes dans les secteurs où les rémunérations sont historiquement faibles, tels que le secteur des services, l'agriculture ou encore les emplois à temps partiel.

La discrimination salariale n'est pas le seul facteur en jeu.

"Les candidats recommandés par des employés existants ou des contacts professionnels sont souvent mieux évalués en termes de compétence et de compatibilité culturelle."

Susanne Goniak
Recruteuse senior
Eurojob-Consulting

SGoniak


Le temps partiel est également beaucoup plus courant chez les femmes, ce qui limite leur progression salariale. À cela s'ajoute le fait qu'elles sont plus nombreuses à occuper des emplois dits "minijobs", qui offrent des revenus faibles et peu de perspectives d'augmentation.

Les efforts pour réduire l'écart salarial entre les hommes et les femmes passent par une meilleure répartition des responsabilités familiales, l'amélioration des conditions de travail dans les secteurs à bas salaires et l'augmentation des opportunités de formation professionnelle pour les femmes. Des entreprises comme Airbnb ont lancé des initiatives pour favoriser l'égalité salariale et soutenir les femmes dans leur progression de carrière grâce à des politiques de flexibilité et de soutien familial.



 L’évolution législative et le rôle du salaire minimum

4. L’évolution législative et le rôle du salaire minimum

L’un des outils clés pour lutter contre les bas salaires en Allemagne est l’évolution du salaire minimum. En 2023, le salaire minimum légal était fixé à 12,41 euros par heure, soit une augmentation progressive depuis son introduction en 2015, où il était de 8,50 euros. Toutefois, ce montant reste encore en dessous du seuil de 13,04 euros, fixé par le Statistisches Bundesamt pour définir le Niedriglohn.

Cette situation montre que même si le salaire minimum permet de protéger une partie des travailleurs, il ne garantit pas l'accès à un niveau de vie décent pour tous, surtout dans les régions où le coût de la vie est plus élevé. Des syndicats et des partis politiques, notamment Die Linke, plaident pour une nouvelle augmentation du salaire minimum, afin de le rapprocher du seuil du bas salaire et ainsi réduire le nombre de travailleurs concernés par cette catégorie.

L’introduction de mesures comme les Vermögenswirksame Leistungen pourrait permettre aux salariés à bas revenus de bénéficier de placements à long terme soutenus par l’État, leur offrant ainsi des opportunités d'épargne et de constitution de patrimoine. Ces prestations salariales liées à l'épargne permettent aux employeurs d’aider leurs salariés à investir dans des produits d’épargne, contribuant à améliorer leur situation financière sur le long terme.

Des initiatives telles que la formation professionnelle continue et la requalification des employés dans les secteurs à faible rémunération sont également des pistes explorées pour sortir de la spirale des bas salaires. Les secteurs technologiques et les industries émergentes offrent, par exemple, des perspectives plus avantageuses pour les travailleurs cherchant à quitter des métiers peu rémunérés.

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Jérôme

Jérôme Lecot