L'Allemagne atteint un record avec plus de 46 millions d'actifs en 2024 : analyse d'une situation économique en mutation

En 2024, l'Allemagne a franchi un cap historique avec plus de 46 millions d'actifs, un record inédit depuis 1990. Ce chiffre reflète la résilience du marché de l’emploi allemand, porté par l’afflux de main-d’œuvre étrangère et la montée en puissance des services. Pourtant, derrière ce succès apparent, des défis majeurs se profilent : un taux de chômage en hausse à 6 % et une économie en stagnation qui menacent l'équilibre du marché du travail. Quels secteurs tirent leur épingle du jeu ? Et quelles sont les perspectives pour 2025 ? Analyse d’une situation en pleine mutation.

2024 marque un tournant pour le marché de l’emploi allemand avec un nombre d'actifs jamais atteint auparavant. Selon les données de Destatis, le pays comptait en moyenne 46,1 millions de travailleurs, soit une hausse de 0,2 % par rapport à 2023 (+72 000 personnes). Cette progression s'explique en partie par l'augmentation du taux d'activité des résidents allemands et par l'afflux de main-d'œuvre étrangère, qui contribue de manière significative à soutenir le marché du travail.

Cependant, cette évolution positive n’est pas uniforme à travers les différents secteurs. La dynamique est surtout portée par le secteur tertiaire, qui représente aujourd'hui environ 75 % des emplois en Allemagne. En revanche, des secteurs comme l’industrie et la construction enregistrent un recul des effectifs, respectivement de 50 000 et 28 000 postes. Ce contraste illustre bien les transformations structurelles de l’économie allemande depuis plusieurs années.

En 2024, la hausse du nombre d’actifs en Allemagne, atteignant 46,1 millions de travailleurs, n’a pas été répartie équitablement entre les différents secteurs économiques. Le secteur des services, qui représente environ 75 % des emplois dans le pays, a été le principal bénéficiaire de cette augmentation, confirmant sa place centrale dans l'économie allemande. D’après Destatis, 153 000 nouveaux emplois ont été créés dans les services en 2024, soit la plus forte croissance annuelle enregistrée dans ce domaine.

Parmi les branches spécifiques du secteur tertiaire, les services publics, l’éducation et la santé ont particulièrement contribué à cette hausse. Ces secteurs ont bénéficié de politiques publiques favorisant l'embauche pour répondre à une demande croissante en raison du vieillissement de la population et des besoins accrus en infrastructures. Par exemple, des initiatives comme le programme de financement de 4 milliards d'euros pour la modernisation des hôpitaux ont contribué à la création de milliers d'emplois dans la santé.

Les banques et assurances font également partie des gagnants, dans un contexte où les entreprises cherchent à renforcer leur résilience économique et à investir dans des solutions numériques. Ce domaine, qui emploie environ 1,2 million de personnes en Allemagne, a vu ses effectifs croître grâce à une demande accrue de professionnels qualifiés dans la gestion des risques et les services financiers numériques.

Cependant, tous les secteurs n’ont pas été aussi dynamiques. L’industrie a perdu 50 000 emplois en 2024, conséquence directe du ralentissement économique et de la réduction des investissements dans certains sous-secteurs comme la construction automobile. De son côté, le secteur de la construction, affecté par la hausse des coûts des matériaux et la baisse des projets immobiliers, a vu ses effectifs diminuer de 28 000 postes. À titre d’exemple, des géants comme BASF, acteur majeur de la chimie industrielle, ont annoncé des réductions de postes en raison de la hausse des coûts énergétiques.

Dans le contexte des évolutions globales, certaines industries innovantes se démarquent positivement. L’industrie pharmaceutique et la construction aéronautique et spatiale prévoient d'augmenter leurs recrutements en 2025. Par exemple, Airbus, un leader dans le domaine aéronautique, a annoncé son intention de recruter environ 13 000 nouveaux employés pour soutenir ses projets de modernisation et répondre à la demande mondiale croissante pour des avions plus durables.

En résumé, si le secteur tertiaire domine largement en termes de créations d’emplois, les industries traditionnelles comme l’automobile et la construction peinent à maintenir leurs effectifs dans un contexte économique tendu. Cependant, des secteurs innovants comme la pharmacie et l’aéronautique pourraient devenir des moteurs d'emploi pour les années à venir.

Malgré le record d’actifs en 2024, le chômage en Allemagne connaît une remontée notable, atteignant 6 % en fin d’année. Selon l'Agence fédérale pour l’emploi, cela représente 2,807 millions de demandeurs d’emploi, soit une augmentation de 170 000 personnes par rapport à décembre 2023. Ces chiffres traduisent un impact direct du ralentissement économique, qui commence à fragiliser le marché du travail.

Par ailleurs, le sous-emploi a progressé avec 130 000 personnes supplémentaires, tandis que de plus en plus d'entreprises ont recours à des dispositifs d'activité partielle pour maintenir leurs effectifs en période de faible demande. Ces évolutions témoignent d'une situation contrastée : bien que le marché de l’emploi reste robuste globalement, il n’échappe pas aux tensions économiques mondiales.

L’avenir du marché de l’emploi allemand en 2025 reste incertain. Une étude de l'Institut IW révèle que 25 branches prévoient de réduire leurs effectifs, tandis que seules 7 prévoient des embauches. Parmi les secteurs optimistes, on retrouve l'industrie pharmaceutique, la construction aéronautique et spatiale, ainsi que le secteur de l'investissement.

En revanche, l’économie allemande risque de rester en mode « stagnation ». La croissance étant quasi-nulle depuis 2023, cette situation pourrait peser davantage sur l’emploi à court terme. À cela s’ajoute la transition démographique, qui oblige l'Allemagne à attirer encore plus de travailleurs qualifiés étrangers pour compenser le vieillissement de sa population active.

Malgré ces défis, l'Allemagne continue d’afficher une certaine résilience. En encourageant la reconversion professionnelle et en investissant dans les secteurs innovants, le pays espère maintenir son marché du travail parmi les plus dynamiques d'Europe.

Le record de 46,1 millions d’actifs en 2024 confirme la solidité historique du marché de l’emploi allemand, mais il cache aussi des fragilités croissantes. Les secteurs des services tirent leur épingle du jeu, tandis que l’industrie reste sous pression. Avec un taux de chômage en hausse et une stagnation économique persistante, les perspectives pour 2025 s'annoncent incertaines. Les politiques publiques devront redoubler d’efforts pour préserver cet équilibre fragile et continuer à attirer des talents étrangers pour dynamiser l’économie allemande.

En savoir plus:

• Le marché du travail allemand reste dynamique : Un employé sur deux chassé par les recruteurs
• Les solutions pour recruter du personnel en Allemagne en 2025
• Travailler en Allemagne sans parler allemand : nos 10 conseils