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SNCF & Deutsche Bahn : coopération, compétition et rivalité

SNCF & Deutsche Bahn : coopération, compétition et rivalité

La DB et la SNCF coopèrent pour les TGV est-européens. Où sont-elles des rivaux ? L'arrivée de nouveaux opérateurs et la libéralisation progressive des lignes intérieures bouleversent les dynamiques établies, menaçant le quasi-monopole des compagnies nationales. Dans ce climat de plus en plus compétitif, les industries du transport et du voyage mettent à l'épreuve l'alliance entre les deux institutions.

 



Une coopération stratégique sur les lignes internationales

1. Une coopération stratégique sur les lignes internationales

La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et la Deutsche Bahn (DB) collaborent toujours via Alleo, leur filiale commune pour les TGV transfrontaliers. Les liaisons entre Paris, Francfort, Stuttgart et Munich restent un succès, avec une augmentation continue du nombre de passagers.

En 2023, l'annonce d'une nouvelle ligne directe entre Berlin et Paris a renforcé cette dynamique. Depuis 2024, des trains à grande vitesse circulent sur cet itinéraire, réduisant le temps de trajet à environ huit heures, un atout majeur pour le développement du tourisme et des échanges économiques entre les deux capitales.

Par ailleurs, les deux compagnies se positionnent sur des technologies d'avenir. Dans un contexte de décarbonation, elles collaborent sur des prototypes de trains à hydrogène, destinés aux lignes régionales non électrifiées. Ce partenariat s'inscrit dans la volonté de développer un transport ferroviaire plus respectueux de l'environnement.


2. Une compétition accrue sur le marché ferroviaire

Dans le secteur de la grande vitesse à l'international, la concurrence s'intensifie. Depuis 2023, la Deutsche Bahn opère des ICE entre Francfort et Londres, entrant en rivalité directe avec Eurostar.

La SNCF, via Eurostar Group, reste quant à elle un acteur clé sur Cologne-Bruxelles, où elle rivalise avec les ICE allemands.

L'ouverture à la concurrence en Espagne et en Italie permet également à la SNCF d'exploiter de nouvelles liaisons sous sa marque Ouigo, ce qui inquiète la DB, qui ne bénéficie pas du même accès à la méditerranée.

Dans les trains régionaux et le fret, les tensions persistent. La DB critique toujours l'accès limité au marché régional français, alors que la SNCF, via Keolis, exploite plusieurs réseaux en Allemagne. Dans le fret, DB Schenker, via Euro Cargo Rail, renforce sa position en France, tandis que la SNCF consolide ses opérations en Allemagne grâce à Captrain.



Rivalité industrielle - Siemens vs. Alstom

3. Rivalité industrielle : Siemens vs. Alstom

La compétition ne se limite pas aux compagnies ferroviaires. Elle s'étend aux constructeurs historiques des deux groupes : Siemens et Alstom.

L'achat de trains Siemens par Eurostar en 2010 avait déjà provoqué un tollé en France. En 2021, la tentative de fusion entre Siemens et Alstom avait été bloquée par la Commission européenne, illustrant la méfiance persistante entre les deux pays en matière industrielle.

Toutefois, face à la montée en puissance des constructeurs chinois, notamment CRRC, les perspectives de rapprochement pourraient être réévaluées. En 2024, la Commission européenne a laissé entrevoir une possible fusion, à condition que certaines activités soient cédées.


4. L'émergence des plateformes alternatives : Trainline, Omio et autres

Au cours des dernières années, de nouvelles plateformes de réservation ferroviaire comme Trainline et Omio ont bouleversé le marché. Ces sites permettent de comparer et d'acheter des billets de train dans plusieurs pays européens, offrant une alternative aux plateformes officielles de la SNCF et de la DB.

Trainline, par exemple, est une entreprise britannique qui revend les billets de divers opérateurs ferroviaires, dont ceux de la SNCF, de la DB, d'Eurostar et d'autres compagnies européennes. Elle est indépendante des groupes ferroviaires nationaux et génère ses revenus grâce aux commissions prélevées sur les ventes de billets.

Omio, de son côté, est une entreprise allemande qui propose une approche similaire, en incluant non seulement les trains, mais aussi les bus et les vols pour une comparaison plus large des options de transport en Europe. Comme Trainline, Omio est une plateforme indépendante qui agrège les offres de divers opérateurs.

Bien que ces plateformes ne soient pas directement contrôlées par la SNCF ou la DB, elles jouent un rôle croissant dans la distribution des billets, obligeant les compagnies ferroviaires traditionnelles à adapter leurs stratégies numériques et tarifaires.

Cette évolution reflète la transformation du marché ferroviaire européen, où la transparence et la flexibilité offertes par ces plateformes séduisent de plus en plus de voyageurs.

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Nikolai Rabald

Nikolai Rabald