L'importance du certificat de travail dans la candidature en Allemagne

Aucun pays autre que l’Allemagne ne passe à la loupe, de manière aussi méticuleuse, le passé professionnel des candidats. Le Praktikumszeugnis ou l’Arbeitszeugnis atteste alors des diverses expériences professionnelles du postulant. Quelle importance accordent les entreprises à ces certificats de travail allemands ?
Le contenu du certificat de travail allemand (Arbeitszeugnis)
À l'issue d'un contrat en Allemagne (CDI, CDD, stage), il est d'usage de se voir remettre un Arbeitszeugnis ou un Praktikumszeugnis par son entreprise. Il s'agit d'un document sur lequel apparaît la description du poste qui vous était attribué, accompagnée de l'évaluation de vos compétences et de votre comportement constaté pendant la durée de votre contrat.
La rédaction de ce document constitue rarement une partie de plaisir pour les personnes en charge des ressources humaines : il s'agit d'une tâche à effectuer qui ne rapporte strictement rien à la société puisque l'employé, de son plein gré ou non, quitte l'entreprise !
Pour réaliser cette évaluation un peu fastidieuse, trois approches sont privilégiées par les entreprises allemandes.
1. L'employé rédige son propre Arbeitszeugnis
Il arrive fréquemment que la direction demande à l'employé de concevoir une première ébauche de son propre Arbeitszeugnis. Si l'essai est concluant (ou du moins pas trop médiocre !), les déclarations du salarié seront reprises telles quelles.
2. On fait appel aux juristes
Si l'employé doit quitter l'entreprise dans le cadre d'un licenciement, litige, ou autre contexte juridique particulier, le ton utilisé dans l' Arbeitszeugnis correspondra à l'accord qui a été trouvé entre les deux parties.
3. On a recours au copier-coller
Il est parfois demandé aux collègues, si l'un d'entre eux n'a pas déjà édité un Arbeitszeugnis pour un salarié au profil similaire, à celui qui quitte la société. Si tel est le cas, la personne qui rédige le document se contente de quelques "copiés-collés" pour adapter les renseignements à l'employé qui part. Il est également courant de consulter diverses banques de données proposant un texte type dont le chargé de RH pourra s'inspirer.
Ce que les DRH en Allemagne ne disent pas...
Même si certains employeurs allemands sont prêts à consacrer quelques heures pour rédiger un Arbeitszeugnis en béton (ou au contraire peu élogieux), ils restent limités par des contraintes juridiques. Si tout ce qui est précisé sur le document doit être véridique, aucune de ces informations ne devrait cependant constituer un obstacle pour le futur professionnel du salarié.
Comment les entreprises s'y prennent-elles donc pour remplir cette évaluation lorsqu'elles ont jugé que l'employé était paresseux, ou bien s'il commettait des vols ou détériorait l'ambiance au travail ?
Pour faire passer le message en filigrane sans se mettre dans l'illégalité, les employeurs allemands ont développé un code qui leur est propre qui sera compris par les chargés de RH des autres entreprises. De mauvaises performances pourront ainsi être présentées en de bons termes : "Il s'est donné beaucoup de mal."
Ou alors certains aspects du comportement de l'employé n'apparaissent pas. Par exemple, il n'est, à aucun endroit, fait cas de l'honnêteté du salarié ou des rapports qu'il entretenait avec ses collègues. Le document peut donc se présenter comme une liste plus ou moins cohérente de remarques qu'un œil inaverti ne saurait interpréter correctement.
L'importance du Arbeitszeugnis lors du recrutement en Allemagne
Sélectionner des candidats pour un poste vacant en se fondant uniquement sur le descriptif qui apparaît dans l'Arbeitszeugnis est assez risqué. Si le document permet d'avoir un aperçu des tâches et missions accomplies par le postulant au cours de ses emplois précédents, les informations qu'il livre sur ses performances et ses compétences sociales restent parfois trop vagues. Il convient donc d'appréhender cette évaluation avec une certaine prudence.
Voici les conseils vidéo de nos experts pour comprendre les certificats de travail en Allemagne
Une alternative possible : les lettres de recommandation
Les recruteurs et employeurs allemands s'en tiennent de plus en plus souvent aux lettres de recommandation pour se faire une opinion sur un candidat, notamment lorsque ce dernier postule dans des secteurs professionnels similaires.
Ces lettres de recommandation, contrairement à l'Arbeitszeugnis, n'ont rien de formel. Écrites par l'ancien employeur de manière volontaire, elles sont le signe que le travail accompli par le salarié était tout à fait satisfaisant. La personne qui rédige ce courrier, qu'elle signera de son nom, est généralement celle qui collaborait de manière étroite avec le candidat, voire bien souvent celle qui le supervisait.
Le poids des recommandations téléphoniques
Le chef de département qui prend l'initiative de rédiger une lettre de recommandation pour l'un de ses salariés peut également indiquer son numéro de téléphone afin d'être contacté ultérieurement. En inscrivant ses coordonnées, il envoie le message qu'il est disposé à donner un peu de son temps pour recevoir un appel traitant de son ancien collaborateur : une preuve supplémentaire que le collègue en question était très apprécié !
Contacter par téléphone l'ancien responsable du candidat est l'occasion d'obtenir de précieuses informations en quelques minutes seulement. En effet, cet appel fera découvrir au recruteur les points forts et les points faibles du postulant, ses thèmes de prédilection ainsi que ses aptitudes sociales.
Autant de précisions qui ne sont pas toujours indiquées dans les documents écrits et qui permettront au DRH d'évaluer si le candidat pourrait ou non faire l'affaire pour le poste à pourvoir !
En conclusion...
Si vous souhaitez postuler auprès d'entreprises allemandes, gardez en tête que votre candidature aura bien plus de succès si elle se compose non seulement d'un Arbeitszeugnis mais également de lettres de recommandation personnalisées !
Si vous êtes dans l'incapacité de fournir des références antérieures, les recruteurs risquent de penser que vos expériences précédentes ne se sont pas forcément bien déroulées.
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