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Le burn-out au travail en Allemagne comparé à la France

Le burn-out au travail en Allemagne comparé à la France

On ne compte plus les dossiers et articles dans les médias consacrés au burn-out en Allemagne. En France, le terme fait moins recette. Le travail serait-il moins stressant dans l'Hexagone ?

Le burn-out fait le "bonheur" des médias allemands depuis quelque temps. L'hebdomadaire Der Spiegel avait même fait deux unes sur ce syndrome d'épuisement lié au travail. L'usage de ce terme anglais est tellement inflationniste, qu'il avait - il y a bientôt dix ans - même décroché la sixième place au classement du mot de l'année en Allemagme établi par la société de la langue allemande.

Pourtant le phénomène du burn-out n'est pas nouveau, comme l'explique Marc Loriol, chercheur au CNRS et auteur du livre La construction du social - Souffrance, travail, et catégorisation des usagers dans l'action publique :

"Le terme a été inventé en 1974 par le psychiatre américain Herbert Freudenberger pour décrire l'état d'épuisement dans lequel se trouve le personnel soignant en charge de patients toxicomanes", Freundenberger définit le burn-out comme la perte de motivation d'une personne dans son travail, surtout quand sa forte implication n'a pas donné les résultats escomptés."

Alors pourquoi cette "mode" du burn-out en Allemagne continue à persister ? Gabriele Heuser, psychiatre à l'hôpital de la Charité à Berlin, explique :

"C'est sans doute dû au fait que beaucoup de personnalités ont avoué souffrir de ce phénomène."

Il est vrai qu'on a eu une véritable vague de coming burn-out chez nos voisins allemands. On peut dire que tout avait commencé à vraiment interroger le grand public lors du suicide de Robert Enke, l'ancien gardien de l'équipe de football de Hannover 96. L'ancienne compagne de la présentatrice Anne Will, Miriam Meckel, avait alors sorti un livre pour raconter son propre passage à vide...



Technologies et précarité au travail

Technologies et précarité au travail

Cependant, le burn-out n'est pas réservé aux célébrités. Selon une étude de la caisse d'assurance maladie TK, un Allemand sur cinq souffrirait de troubles psychiques liés au travail. Et le nombre d'arrêts maladie à cause du stress aurait bondi de plus de 50 % depuis 2007 ! Une hausse qui a des causes multiples selon la psychiatre allemande :

"On demande aux employés d'être joignables jour et nuit, cela cause un épuisement complet."

La faute aux nouvelles technologies donc. Mais pas seulement. L'explosion des emplois précaires et la hausse des exigences de rendements sont également responsables.

Pourtant, en France, le terme burn-out ne rencontre pas autant de succès. Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung se désolait d'ailleurs que "le burn-out, sur lequel on écrit si souvent en Allemagne, n'est presque pas une préoccupation en France".

Les Français seraient-ils donc moins stressés ? Pas forcément, selon Marc Loriol :

"En France nous avons d'autres étiquettes. La notion de dépression est plus banalisée et mieux acceptée."



Un sujet tabou

Un sujet tabou

Alors certes, 3 millions d'actifs en France se trouveraient à la limite du burn-out, contre 50 % des Allemands qui se sentiraient menacés. En revanche, selon une étude de l'Organisation mondiale de la Santé, 21 % des Français se disent dépressifs, contre seulement 9,9 % des Allemands. Même souffrance, juste une différence de sémantique.

Dire qu'on fait un burn-out est donc mieux accepté socialement, comme l'explique Heuser :

"En Allemagne la dépression est assez taboue, surtout chez les hommes. Un homme ne doit ni se plaindre, ni pleurer."

Quoi qu'il en soit, le mal-être au travail est une réalité des deux côtés du Rhin. Et une réalité qui coûte cher. Le syndicat allemand IG-Metall estime à 27 milliards d'euros le coût sanitaire du phénomène. Et selon le Bureau International du Travail, le coût économique du stress au travail représenterait jusqu'à 3 à 4 % du PIB des pays industrialisés, ce qui fait que les gouvernants ont décidé de s'en mêler.

En France, le stress est à l'agenda depuis un certain temps. Les vagues de suicides dans certaines entreprises, comme Orange ou Renault, avaient à l'époque provoqué une prise de conscience. Depuis 2010, les risques psychosociaux sont inscrits parmi les cinq risques prioritaires dans le plan Santé au travail du gouvernement.

Le business du bien-être

Une épidémie de burn-out ? Beaucoup d'entrepreneurs ont su y voir une véritable opportunité commerciale. Ainsi, les cabinets de conseil comme Deloitte ou McKinsey commençaient à proposer des programmes pour aider les entreprises à devenir "saines". Même les spas, comme celui du château d'Elmau, en Bavière, proposent depuis des offres "anti-burn-out". Mais quelques massages n'offriront sans doute pas une solution durable aux employés stressés.

C'est plus le créneau de Talingo EAP. Cette société de Lübeck propose des programmes d'assistance aux employés. Contre un forfait mensuel payé par l'entreprise, les travailleurs peuvent parler anonymement de leurs soucis à des experts externes 24h sur 24.



Programmes antistress dans les entreprises allemandes

Programmes antistress dans les entreprises allemandes

Pour déstresser leurs employés, les entreprises allemandes ont de l'imagination. Chez Volkswagen, le serveur Internet est désactivé durant le week-end pour empêcher les employés de consulter leurs e-mails professionnels. Gabriele Heuser à ce sujet :

"Une bonne initiative mais pas suffisante. Ils restent joignables par téléphone."

Mais le stress est aussi bien souvent causé par un chef peu conciliant. Chez le constructeur de camions MAN Truck & Bus par exemple, les employés doivent régulièrement évaluer leur coopération avec leurs supérieurs.

Et puisqu'un esprit sain passe aussi par un corps sain, certaines entreprises ont décidé de rendre leurs employés plus sportifs. Ainsi, dans la petite usine de pâte d'amande Niederegger, à Lübeck, toutes les machines s'arrêtent à dix heures du matin pour que les travailleurs puissent faire dix minutes de gymnastique. Et à midi, c'est yoga dans la cantine et programme de désaccoutumance pour ceux qui veulent arrêter de fumer.

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