Enfant et carrière en Allemagne, est-ce possible ?

Être maman et travailler, ce qui est normal depuis longtemps en France, le devient progressivement en Allemagne. L'une des raisons est probablement le développement de l'accueil des enfants. Grâce à l'introduction d'un droit légal à l'accueil de la petite enfance, le retour au travail pour les femmes est devenu plus facile. Nous vous en disons plus sur la proportion de mères allemandes actives et sur les mesures prises pour concilier vie professionnelle et vie familiale en Allemagne.

Elternzeit et la sécurité de l'emploi

Le concept de la Elternzeit prévoit qu'un des deux parents peut rester à la maison pour une période déterminée d'un à deux ans et de percevoir un certain pourcentage de son salaire antérieur. Celui qui profite du congé parental ne peut pas être licencié, son emploi est protègé, ce qui encourage un retour au travail.

Avant la réalisation de ces mesures, on trouvait rarement des crèches en Allemagne (pour la garde des enfants de moins de 3 ans) et le gouvernement n'entreprenait pas assez pour faciliter la réinsertion des femmes au marché du travail.

Surtout dans les régions rurales, les mères étaient très dépendantes de leur famille quand elles voulaient recommencer à travailler après la naissance de leurs enfants.

La pause parentale en Allemagne, une question de tradition

S'il n'y avait pas de grands-parents pour s'occuper des enfants, les mères étaient souvent obligées de rester à la maison. La tradition avait également son rôle à jouer...

Quand une femme prenait la décision d'inscrire son enfant dans une crèche, elle pouvait être perçue comme Rabenmutter (mère corbeau), c'est-à-dire, une mère qui ne s'occupe pas suffisamment de ses enfants. Cette idée date de l'après-guerre, et même le féminisme des années 70 n'a pas réussi à la faire disparaître entièrement.

Les différences régionales de moins en moins présentes

Dû au développement de l'accueil des enfants, la proportion de mères actives en Allemagne a nettement augmenté depuis les années 1990.

De 1997 à 2022, la part des femmes actives ayant des enfants mineurs est passée de 58 à 69 % dans toute l'Allemagne. Selon Destatis, les différences régionales se sont nettement réduites au cours de ces 25 années.

Les statisticiens en concluent que les taux d'emploi des mères en Allemagne de l'Ouest et du Nord se sont rapprochés des taux toujours plus élevés des mères en Allemagne de l'Est et du Sud.

La politique familiale très critiquée en Allemagne

Quand l'ancienne ministre de la famille Ursula von der Leyen avait pris une toute autre direction dans la politique familiale en 2007, une discussion s'est déclenchée dans son parti chrétien-démocrate, mais aussi dans la société.

Des représentants de l'église catholique, comme l'évêque Mixa, l'ont fortement critiquée pour sa politique qui serait contre les familles, antisociale et réduirait les femmes à la seule fonction d'accoucher des enfants.

D'autres ont vu des parallèles entre ses plans et la garde des enfants dans l'ancienne RDA, et ses collègues lui ont reprochée de trahir les idéaux chrétiens du parti. Malgré ces débats, le projet était adopté et mis en action avec succès.

Les jeunes familles d'aujourd'hui profitent des aides gouvernementales et des Kitas (crèches), qui se formaient partout en Allemagne après l'adoption de l'ensemble de mesures de la politique familiale. Certes, il n'est pas facile d'organiser son quotidien avec un emploi et un enfant.

Les pères ne prennent presque jamais de congé parental

Environ un cinquième des parents actifs dont le plus jeune enfant avait moins de 3 ans étaient en congé parental. Selon les données officielles, 45 % des mères actives ayant des enfants de moins de trois ans étaient en congé parental en 2021. En contrepartie, seuls 3 % des pères actifs travaillaient.

La garde d'enfant est également répartie de manière très inégale entre les parents d'enfants plus âgés. Chez les parents qui travaillent et dont le plus jeune enfant avait moins de 6 ans, la part des mères est encore de 25 %, celle des hommes d'environ 2 %.

Le droit légal au congé parental s'élève à 3 ans pour chaque parent. Un maximum de 12 mois de congé parental peut être pris entre le 3e et le 8e anniversaire de l'enfant concerné.

Le fait que peu d'hommes prennent un congé parental s'explique entre autres par l'inégalité de rémunération entre de nombreux travailleurs. Comme les hommes sont encore aujourd'hui souvent considérés comme le principal soutien de famille et que l'allocation parentale de base versée pendant 14 mois s'élève à 65 % du dernier salaire net, avec un maximum de 1.800 euros par mois, c'est souvent la femme qui assume le rôle éducatif le plus important.

Selon l'Office fédéral de la statistique, l'écart de rémunération entre les sexes en Allemagne s'élevait en 2024 à 18 %.

Pourcentage des mamans qui travaillent en Allemagne

En 2023, 49,1 % des mères ayant au moins un enfant de moins de 6 ans étaient en emploi. Ce chiffre révèle qu'un peu moins de la moitié des jeunes mères poursuivent une activité professionnelle pendant les premières années de vie de leur enfant.

En comparaison, 84 % des pères d'enfants du même âge occupaient un emploi, illustrant un écart important en matière de répartition des rôles parentaux et professionnels.

Ce différentiel s'explique notamment par :

• Des normes sociales encore fortement genrées autour de la parentalité.

• Un accès parfois limité aux structures de garde d'enfants, notamment dans certaines régions.

• Des choix familiaux ou contraintes économiques qui encouragent souvent la mère à réduire ou suspendre son activité.

Répartition temps plein et temps partiel

Parmi les mères d'enfants en bas âge qui travaillent :

• 73 % occupent un emploi à temps partiel.

• Tandis que seulement 27 % travaillent à temps plein.

Cette tendance s'explique par le fait que de nombreuses mères cherchent à concilier vie professionnelle et vie familiale, dans un contexte où la garde des jeunes enfants est souvent perçue comme relevant principalement du rôle maternel.

Le temps partiel devient alors une solution fréquente, bien qu'il puisse entraîner des conséquences à long terme, notamment sur le revenu, les droits à la retraite et les perspectives de carrière.

Comparaison avec les pères

À titre de comparaison, plus de 90 % des pères d'enfants en bas âge travaillent à temps plein, et moins de 10 % à temps partiel. Cela renforce l'idée d'un modèle familial encore très classique, dans lequel l'homme est le principal pourvoyeur de revenus et la femme la principale responsable du foyer et des enfants.

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Olivier Geslin